Les cryptomonnaies ont connu un essor fulgurant en 2021. Pour contrer leur influence et l’expansion du bitcoin, mais aussi pour faciliter l’émergence d’un nouveau moyen de paiement accessible via un simple smartphone, des États ont décidé de tester et lancer leur propre monnaie numérique. En adoptant parfois des mesures drastiques en parallèle pour empêcher leur population d’avoir recours aux cryptomonnaies.
La Chine a notamment interdit aux établissements financiers de proposer des services en lien avec ce type d’actifs. Le pays a également tout fait pour entraver le minage de bitcoins sur son territoire, une activité indispensable pour valider les transactions en cryptomonnaie sur la blockchain et assurer la sécurisation du réseau décentralisé. Les fournisseurs d’électricité ont ainsi dû couper l’approvisionnement en énergie des mineurs, notamment dans la région du Sichuan.
De nombreux autres pays du monde travaillent à l’élaboration d’une monnaie numérique contrôlée par leur banque centrale. La pandémie de Covid-19, qui a engendré une baisse de l’utilisation de l’argent liquide comme moyen de paiement, n’a fait qu’accélérer le mouvement. Les principaux enjeux d’une telle devise au quotidien tournent autour de son accessibilité, la sécurité du réseau et la confidentialité des données.
Chine : Le e-yuan pourrait être officiellement lancé dès début 2022
La Chine fait partie des États à la pointe sur les projets de monnaie numérique de banque centrale (MNBC). La Chine a annoncé mi-juillet que les essais de son yuan numérique étaient presque terminés, alors que plus de 5 milliards de dollars de transactions ont déjà été effectués dans cette devise, rapporte RFI.
La banque centrale du pays ne précise pas de calendrier précis sur son lancement officiel, mais le e-yuan pourrait faire ses grands débuts lors des Jeux olympiques d’hiver de Pékin en 2022. Les touristes étrangers pourraient alors s’en servir pour leurs dépenses.
Plus de 5 milliards de dollars de transactions ont déjà été réalisées en e-yuan depuis mars 2021.
Suède : La Suède planche sur un e-krona
En février 2020, la Suède, qui ne fait pas partie de la zone euro, a aussi lancé un projet pilote pour mettre au point une monnaie numérique publique, en partenariat avec le cabinet de conseil américain Accenture. Le pays a commencé à travailler sur un projet d’e-krona dès 2017. En 2021, la banque centrale du pays précise poursuivre les expérimentations pour évaluer les effets que l’instauration d’une couronne suédoise numérique aurait sur l’économie et la société.
USA : Plusieurs projets pilotes pour un dollar numérique aux Etats-Unis
Aux États-Unis, ce n’est pas un mais plusieurs projets pilotes qui sont en cours ou qui doivent être lancés courant 2021. Le Digital Dollar Project, une initiative née d’un partenariat entre Accenture et la Digital Dollar Foundation, une organisation à but non-lucratif, a annoncé le 3 mai le lancement de cinq projets pilotes lors des 12 prochains mois pour tester le potentiel d’une future monnaie numérique de banque centrale, rapporte Reuters. L’objectif est notamment de générer des données pour éclairer les décideurs américains sur le sujet.
La Réserve fédérale (Fed) travaille avec le Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour construire une plateforme dédiée à un futur dollar numérique.
Israël :Au Moyen-Orient, Israël travaille à l’instauration d’un shekel numérique. Les Émirats arabes unis comptent quant à eux lancer leur monnaie électronique d’ici 2026, a précisé le 12 juillet la banque centrale de ce riche pays pétrolier.
Bahamas : Les Bahamas ont lancé en octobre 2020 leur monnaie numérique, baptisée « Sand Dollar »
Les Bahamas n’ont pas attendu la Chine pour lancer leur propre monnaie numérique. Le « sand dollar » a commencé à être déployé en octobre 2020 dans l’archipel de 700 îles, où les banques commerciales peinent parfois à étendre leurs services et au sein duquel tout le monde n’accepte pas la carte de crédit. Sa valeur est alignée sur celle du dollar, comme c’est déjà le cas du dollar bahaméen.
L’offre de cette devise électronique repose sur des fournisseurs agréés par les autorités monétaires. Six entreprises remplissaient leurs obligations en matière de cybersécurité fin 2020 et ont pu obtenir l’agrément pour distribuer des sand dollars dans les portefeuilles mobiles, selon Les Echos. D’autres acteurs, dont une banque commerciale, les ont rejointes début 2021.
Royaume-Uni, Japon, Inde… beaucoup d’autres États réfléchissent à créer une devise numérique
De nombreux autres pays du monde travaillent à l’élaboration d’une monnaie numérique contrôlée par leur banque centrale. La pandémie de Covid-19, qui a engendré une baisse de l’utilisation de l’argent liquide comme moyen de paiement, n’a fait qu’accélérer le mouvement. Les principaux enjeux d’une telle devise au quotidien tournent autour de son accessibilité, la sécurité du réseau et la confidentialité des données.
En avril, la Banque d’Angleterre (BoE) et le Trésor britannique ont par exemple lancé un groupe de travail pour évaluer la possibilité et l’intérêt de lancer une monnaie numérique permettant d’effectuer des transactions sans passer par des banques commerciales. L’Australie envisage de son côté une devise numérique qui se baserait sur l’infrastructure de la blockchain Ethereum, selon Reuters. Dans le cadre de ce projet, le pays a signé un partenariat avec l’entreprise américaine Consensys, spécialisé dans la technologie logicielle blockchain.
Afrique : Sur le continent africain, plusieurs États réfléchissent aussi à instaurer une monnaie numérique de banque centrale. L’Afrique du Sud et le Kenya ont commencé à étudier le sujet. Le Nigeria prépare de son côté un projet pilote qui pourrait être lancé dès la fin de cette année. Le Ghana envisage de commencer à déployer un e-cedi à partir de septembre 2021. Au Maroc, enfin, la banque centrale a chargé un comité d’identifier et d’analyser les avantages et risques d’une monnaie numérique.
Salvador :Le Salvador a décidé de reconnaître directement le bitcoin comme monnaie officielle
Plutôt que de créer sa propre monnaie numérique, le Salvador a choisi le 9 juin 2021 de faire du bitcoin sa monnaie officielle, aux côtés du dollar américain, jusqu’ici seule devise légale dans le pays. C’est le premier État au monde à accorder un tel statut à la cryptomonnaie, qui aura cours légal en septembre au Salvador. Son président, Nayib Bukele, a même annoncé que chaque citoyen recevrait l’équivalent de 30 dollars en bitcoins s’il ouvre un portefeuille électronique appelé « Chivo » sur son smartphone.
Europe : Un euro numérique prévu pour 2025-2026 dans la zone euro
La Banque centrale européenne a annoncé le 14 juillet le lancement de son projet d’euro numérique qui prévoit une phase d’étude d’environ 24 mois et qui doit tenir compte « des préférences des utilisateurs et des conseils techniques des commerçants et des intermédiaires ». L’objectif est de mettre sur pied une « monnaie numérique de banque centrale sans risque, accessible et efficace », qui existerait en parallèle aux espèces, sans les remplacer.
« Notre objectif est d’être prêt au bout de ces deux ans à commencer à développer un euro numérique, ce qui pourrait prendre environ trois ans », a déclaré Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE cité par Euronews. L’euro numérique pourrait donc faire l’objet d’un lancement officiel en 2025/26.